Les préliminaires
- Lola Houari Crocherie
- il y a 4 jours
- 4 min de lecture
Et si on arrêtait de parler de “préliminaires” ?
Commençons par le plus important : il n’y a pas de mode d’emploi en sexualité.
Pas de réponse toute faite, pas d'étapes à suivre, pas de bonne ou de mauvaise manière de faire à partir du moment où il y a consentement, communication et joie mutuelle.
Notre sexualité n’est pas un tuto, ni un enchaînement de cases à cocher. Il n’y a pas de recette universelle, parce que nos corps, nos histoires, nos désirs sont uniques.
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Sociétalement, le porno occupe une grande part de nos représentations en termes de sexualité.
Selon une étude du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (2023), 90 % des vidéos pornographiques en ligne contiennent des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales.
Ces "récits-là" ne parlent pas de lenteur, de communication, de respect, d’émotions, mais de performance, de domination, de violence et d’orgasme à atteindre. Comme si le sexe devait se vivre selon un modèle figé (et violent).
Quelle est la place laissée à notre imagination ?
La place laissée à ce dont nous avons vraiment envie ?
Alors non, il n’y a pas de recette.
Ce qui compte, c’est d’oser écouter. Écouter ce que notre corps dit aujourd’hui (car il ne dit pas la même chose qu’hier), écouter l’autre, sans chercher à deviner, sans performer. Juste être là, en présence, en curiosité.
Et les préliminaires ?
Le mot en lui-même nous raconte quelque chose : ce qui précède “le vrai truc”. Il hiérarchise les plaisirs. Comme si le sexe, le “vrai”, était la pénétration. Et nous avons tout·es une image bien ancrée de ce que doivent être les préliminaires.
Qu'en est-il de tout le reste ?
Se toucher doucement, se caresser les cheveux, la nuque, les mains. Sentir la peau de l’autre, respirer ensemble.
Explorer d’autres zones érogènes avec sa langue (nuque, dos, creux des genoux, ventre, fesses…)
Se regarder longuement, prendre le temps de ressentir, nommer ses envies.
Se découvrir, sans pression, faire des pauses, se reconnecter au regard…
La liste est infinie. Elle nous est unique et correspond à ce qui pourrait véritablement nous plaire, si nous nous libérions du modèle préétabli.
Et si on sortait de ce schéma figé : préliminaires → pénétration → jouissance ?
Et si nous construisions une sexualité qui nous ressemble et qui nous fait vraiment du bien ?
Slow Sex
Sortir du schéma classique, ce n’est pas seulement repenser l’enchaînement des gestes. C’est aussi retrouver une autre temporalité, une autre manière d’habiter son corps et celui de l’autre.
Et si nous mettions les “préliminaires” au centre de notre sexualité, qu’est-ce que ça donnerait ?
Plus de temps pour se découvrir, parcourir des zones érogènes inexplorées, prendre le temps, le temps de faire monter le désir, d’apprécier l’autre. Le corps a tellement de saveur à offrir, nous devrions davantage nous y attarder. C’est ce que propose le concept de slow sex : la lenteur des gestes, la lenteur des regards, la lenteur du souffle. Prendre son temps pour explorer, sentir, frémir, au lieu de chercher à atteindre un but. Être là, juste là, dans l’instant, sans précipitation, sans attente autre que celle de goûter pleinement ce qui est en train de naître.
Le slow sex, c’est remettre la sensualité au cœur du rapport, faire de chaque geste, de chaque frôlement, un événement en soi. C’est choisir la lenteur, non pas comme une contrainte, mais comme un art du plaisir. C’est se donner le droit de savourer, de s’égarer, de recommencer, sans jamais avoir besoin d’arriver quelque part. Parce que la lenteur, loin d’atténuer l’excitation, la fait monter encore plus haut, la rend plus vibrante, plus électrique.
Mais concrètement, comment déconstruire les schémas classiques lors d’un rapport sexuel ? Parce que c’est bien beau de dire que les “préliminaires” doivent prendre plus de place, mais comment faire lorsqu’on est seulement habitué à la pénétration ? Ne vous inquiétez pas, on ne va pas vous lâcher comme ça.
Tantrisme
Le tantrisme est une très bonne méthode pour prendre le temps de savourer le moment présent. Il consiste, entre autres, à explorer le corps à travers des massages lents, profonds et conscients, en portant une attention particulière à chaque zone, en synchronisant le souffle et en laissant circuler l’énergie sans chercher à atteindre un but précis.
Pour commencer, vous pouvez allumer quelques bougies pour créer une ambiance douce. Demandez ensuite à votre partenaire de bien vous regarder, de figer votre image de façon sensuelle dans son esprit. Bandez-lui les yeux avec un foulard ou un bandeau. (Le bandeau est sympa pour mieux se laisser aller, mais si vous avez envie de jouer avec le regard, ne l’utilisez pas) Dites-lui de s’allonger nu sur le ventre. Commencez à le.la masser, en partant des chevilles jusqu’au cou. Prenez le temps de vous arrêter sur chaque zone du corps, sentez son énergie, transmettez-lui la vôtre. Quand vous aurez massé tout son dos, demandez-lui de se retourner pour se mettre sur le dos, et recommencez le massage.
Prenez le temps de vous attarder sur son sexe : effleurez-le, massez-le délicatement. Quand vous sentez que le plaisir monte, partez explorer d’autres zones. Jouez avec la frustration. Lentement. Revenez, repartez, laissez monter l’envie sans jamais vous précipiter.
Et bien sûr… Demandez-lui de vous le faire aussi !
Le tantrisme est parfait pour prendre son temps, pour redécouvrir le corps de son.sa partenaire, pour ralentir et vivre chaque geste dans sa pleine intensité. Ce n’est pas une course, mais une exploration où chaque mouvement, chaque frôlement devient un moment à savourer. C’est le chemin vers une sexualité plus consciente, plus sensuelle, qui va au-delà du simple plaisir pour toucher quelque chose de plus profond.
Alors, laissez-vous aller à l’instant présent. Ressentez, explorez, sans but précis. Parce qu’en ralentissant, on apprend à goûter le plaisir de manière infiniment plus douce, plus vibrante, plus intime.
Claire & Lola 💜
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