Sexothérapie
- Lola Houari Crocherie
- 30 mars
- 5 min de lecture
Et si votre sexualité pouvait véritablement vous ressembler ?
La sexothérapie est un accompagnement qui permet de mieux comprendre et vivre sa sexualité, que l’on soit seul·e ou en couple. Elle offre un espace d’exploration où l’on peut identifier ses blocages, apprivoiser ses désirs et s’épanouir dans son rapport au corps et à l’intimité.
Mais il ne s’agit pas seulement de parler de sexualité. La sexothérapie invite aussi à plonger dans ses émotions, ses croyances, son histoire personnelle et ses blessures, autant d’éléments qui façonnent notre relation à nous-même et aux autres.
Quand consulter ?
La sexothérapie, c’est l’occasion de renouer avec son corps, de réapprendre à l’écouter et de redécouvrir ce qui nous fait vraiment vibrer.
Il n’y a pas de « bon » moment pour consulter : que ce soit par curiosité, pour mieux se comprendre ou pour se reconnecter à son désir, chaque démarche est légitime. La sexothérapie accompagne aussi bien les questionnements que les envies d’exploration et d’épanouissement.
On a quelques questions pour toi. Prends un moment pour y réfléchir.
Quand tu as un rapport sexuel avec ton/ta/tes partenaire·s, est-ce que c'est toujours pleinement voulu, avec joie, envie et désir profond ?
Peux-tu exprimer librement tes envies et tes limites, sans crainte d’être jugé·e ou de blesser l’autre ?
Est-ce que tu arrives à écouter ton corps ?
Est-ce que tu as l'impression de devoir répondre à ce qui est "attendu" de toi en termes de performance ?
Y a-t-il des moments où tu ressens de la gêne, de la culpabilité ou un manque de connexion dans ta sexualité ?
Te sens-tu pleinement libre d’explorer ce qui te fait envie, sans honte ni tabou ?
Ton plaisir est-il aussi une priorité dans tes rapports, au même titre que celui de ton/ta/tes partenaire·s ?
As-tu déjà ressenti des blocages ou des douleurs qui t’empêchent d’être à l’aise dans ton intimité ?
Comment as-tu construit ta vision de la sexualité ? (Éducation, expériences, médias, injonctions sociales...)
Prends-tu du temps pour explorer ta propre sensualité et ton plaisir en dehors des rapports avec un·e partenaire ?
La sexothérapie permet de travailler sur toutes ces questions pour mieux comprendre, explorer et construire une sexualité qui te ressemble.
Claire
J’ai traversé l’enfance/l’adolescence marquée par des violences sexuelles.
Pendant longtemps, j’ai été complètement déconnectée de mon corps.
Je ne savais ni ce que j’aimais, ni ce que je voulais, ni même comment me ressentir.
L’impact est immense.
Je me suis rendu compte à quel point ma sexualité d’adulte, pourtant consentie, ne me rendait pas heureuse.
Je faisais ce que je pensais qu’on attendait de moi, avec une joie clairement simulée.
Et, arrivée à la trentaine, j’avais simulé plus d’orgasmes que j’en avais réellement vécu
Alors j’ai dû tout déconstruire. Réapprendre à écouter mon corps, à savoir ce qui me faisait du bien, ce que je désirais vraiment.
Et surtout, apprendre à oser dire. Dire que ce geste, cette parole, ce regard me heurte. Que ça réveille quelque chose. Dire quand j'ai besoin d'une pause. Et apprendre, réapprendre à jouir sans entrave.
Tout ça ne vient pas tout seul. Ça s’apprend. La sexothérapie aide : parce que je sais que ce chemin est loin d’être facile, mais qu’il est possible.
Lola
De nombreux événements ont entravé mon rapport avec mon corps et ma sexualité. Mais aujourd’hui, j’aimerais surtout vous parler de l’hypersexualisation que subissent les femmes et de la manière dont elle altère notre perception de notre propre désir.
Dès l’enfance, les filles sont exposées à des regards, des commentaires et des attentes qui dépassent largement leur propre compréhension du corps et du désir. Elles grandissent en étant observées, jugées, sexualisées avant même d’avoir pu explorer librement leur propre sensualité. L’idée qu’une femme doit être désirable avant d’être désirante s’impose très tôt, reléguant l’exploration personnelle au second plan.
Quand on nous apprend que notre valeur repose sur notre attractivité, comment faire la différence entre ce que l’on veut vraiment et ce que l’on pense devoir offrir ? Comment savoir si notre désir est sincère, ou s’il est façonné par la nécessité de correspondre à une attente ?
J’ai découvert très jeune la masturbation, en me frottant contre des tissus ou sous la douche. Je ne comprenais pas encore la signification de ce geste, mais je savais que cela me procurait un immense plaisir. En grandissant, j’étais à l’aise avec mon corps : j’aimais les sensations qu’il m’offrait, j’aimais m’habiller comme je le voulais. Cette liberté, que je croyais naturelle, m’a pourtant coûté cher. Les enfants de mon âge se permettaient de m’humilier, physiquement et verbalement, comme si mon aisance était une faute, comme si être libre signifiait ne pas mériter de respect. Mais le plus douloureux, c’était le regard des adultes – parce qu’il venait valider cette idée.
Leurs remarques, comme ma grand-mère qui me répète que si je porte des jupes, il ne faut pas que je m’étonne de me faire violer ;
Leurs insultes, comme le mari de ma tante qui me traite de salope ;
La violence, comme mon parent qui me frappe parce que je porte un string ;
Les regards pervers des hommes adultes et leurs propositions indécentes ;
Les regards méprisant des femmes.
Peu à peu, toutes ces expériences ont détruit la confiance que j’avais en moi. À force d’être sexualisée, on finit par se voir comme un objet, une existence réduite au regard des autres, privée de valeur propre. Et cette perception façonne inévitablement notre sexualité.
J’ai longtemps couché avec des hommes en pensant que je devais être une femme fatale, que mon plaisir n’avait pas d’importance et que mon rôle était d’incarner un fantasme plus que de ressentir.
C’est en lisant des livres de féministes que j’ai commencé à déconstruire cette vision, à comprendre que mon désir était légitime, que j’avais le droit de l’éprouver et de l’exprimer. Et que, malgré tout, le respect m’était dû.
Parce que ce qu’on impose aux femmes quand elles expriment leur désir, on ne l’impose jamais aux hommes.
Se réapproprier son désir
Nos histoires sont différentes, mais elles se croisent sur un même point : la nécessité de se réapproprier notre désir. Déconstruire ce que l’on nous a appris, apprendre à écouter notre corps, à reconnaître nos envies et à affirmer nos limites.
La sexothérapie n’est pas une solution magique, mais un espace où l’on peut enfin poser des mots sur ce qui entrave notre épanouissement. C’est un chemin vers une sexualité qui nous ressemble, affranchie des injonctions et des peurs.
S’autoriser à ressentir, à explorer, à dire non, à dire oui, à jouir pleinement—c’est un droit. Et c’est peut-être aussi la plus belle des révolutions.
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