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Femmes du monde : La Belgique

Dernière mise à jour : 4 févr.



manifestation en belgique : travailleuse duu sexe = travail
La revue déferlante

La Belgique est le premier pays européen à avoir dépénalisé la prostitution en juin 2022, ce qui a permis aux travailleuses du sexe de sortir du cadre de l’illégalité. Une nouvelle loi pionnière est entrée en vigueur le 1ᵉʳ décembre 2024 : désormais, les travailleuses du sexe peuvent bénéficier d’un contrat de travail qui les protège.

On estime qu’il y aurait 26 000 travailleurs et travailleuses du sexe en Belgique, dont 95 % seraient des femmes. Elles travaillent de façon indépendante, mais aussi dans des maisons closes sous la direction d’un.e proxénète. Cette deuxième manière de travailler permet d’être entouré par d’autres personnes exerçant le même métier, mais aussi d’être – en théorie – protégé par les personnes dirigeant la maison close.

Cette loi permet non seulement d’acquérir des droits sociaux complets, comme une couverture sociale, des congés maladie ou de maternité, et une retraite, mais aussi de protéger contre les abus des proxénètes en instaurant un cadre précis concernant leur contrat de travail. « J'ai dû travailler alors que j'étais enceinte de neuf mois », raconte Sophie, une travailleuse du sexe en Belgique.

Désormais, elles ont le pouvoir de dénoncer toute violation de leurs conditions de travail, et les proxénètes peuvent être poursuivis par la justice s’ils ne respectent pas cette loi. Victoria, présidente de l’Union belge des travailleurs et travailleuses du sexe (UTSOPI), raconte que cette réforme est le fruit d’une lutte acharnée amorcée lors des mobilisations de 2022 : « Sans loi, on est vulnérables. Ce texte donne enfin des outils pour nous protéger. »

Même si cette loi vise à protéger les travailleuses du sexe, de nombreuses féministes alertent sur sa dangerosité, car elles pensent que cela pourrait augmenter le nombre de travailleuses du sexe. Julia Crumière, bénévole pour l’ONG Isala, explique : « La majorité des personnes que nous soutenons veulent quitter cette activité, pas la rendre légale. Cette loi ne peut pas effacer la violence structurelle de cette profession. »

De plus, cette loi ne prend pas en compte les travailleuses du sexe sans papiers, souvent exposées à des risques accrus d’exploitation et de violences, ou celles opérant en dehors du cadre réglementé par choix ou nécessité, ce qui les laisse toujours dans une grande précarité. Ces femmes, exclues des protections légales et sociales, sont confrontées à une insécurité quotidienne qui les rend plus vulnérables face aux abus et aux conditions de travail indignes. Une réponse adaptée à leurs besoins reste un défi urgent pour garantir l’universalité des droits et la dignité humaine dans ce secteur.


De mon point de vue, il existe deux profils principaux de travailleuses du sexe : celles qui ont fait le choix de ce métier, qui méritent d’être déstigmatisées et de bénéficier de conditions de travail respectables comme dans tout autre métier ; et celles qui y sont contraintes. Dans ce dernier cas, il serait essentiel de mieux comprendre leurs réalités et de mettre en place des actions concrètes pour leur offrir des alternatives et les accompagner dans une transition hors de la prostitution.

La réforme belge constitue une avancée majeure pour la reconnaissance et la protection des travailleuses du sexe, mais elle soulève également des interrogations fondamentales sur les limites de cette légalisation. Il est crucial d’adopter une approche équilibrée qui respecte le choix de celles qui exercent volontairement, tout en renforçant les dispositifs d’accompagnement pour celles qui souhaitent quitter cette activité. Cette loi, bien que perfectible, marque une étape importante vers une meilleure justice sociale et ouvre la voie à de nouvelles discussions sur la dignité et les droits des femmes dans le monde du travail du sexe.


Si vous souhaitez en savoir davantage sur ce sujet, je vous conseille d’aller voir le site de l’UTSOPI qui lutte pour l’autonomie et les droits des travailleurs.euses du sexe.


Source : 

Témoignages issus de la BBC World Service, dans un article signé Sofia Bettiza. https://www.bbc.com/afrique/articles/c98e8lgvm0yo

Association UTSOPI https://www.utsopi.be/fr

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